Professeur émérite au Collège de France, historien et spécialiste de la philosophie antique, Pierre Hadot est mort dans la nuit du 24 au 25 avril. Il était âgé de 88 ans.
Pierre Hadot, philosophe et historien mondialement reconnu pour ses nombreux travaux sur les écoles de pensées antiques, notamment le stoïcisme et le néoplatonisme, vient de mourir, à l’âge de 88 ans. Il contribua à bouleverser le paysage de cette discipline, qui ne constitue pas tant pour lui, une façon de discourir, qu’une façon d’être. Il établira ses réflexions et conclusions dans une œuvre dense, aussi riche dans le fond que sobre dans l’écriture: Exercices spirituels et philosophie antique (Collection des études augustiniennes, 1981, réédité en 2002 par Albin Michel), N’oublie pas de vivre : Goethe et la tradition des exercices spirituels (Albin Michel, 2008)… Sans oublier deux ouvrages majeurs sur la question : Qu’est-ce que la philosophie antique ? (Gallimard, Folio, 1995), La philosophie comme manière de vivre (Albin Michel, 2002). Pierre Hadot se sera efforcé, toute sa carrière durant, de mettre en lumière la façon dont certains textes antiques, de Platon à Marc-Aurèle, en passant par Sénèque et Aristote, représentent autant d’exercices spirituels dans le cadre d’un examen de conduite. Mais il ne délaissait pas pour autant les philosophes modernes, et fut notamment, à partir des années 1950, l’un des premiers commentateurs et traducteurs de l’œuvre de Wittgenstein. Il travailla notamment en collaboration avec son épouse, la philosophe Ilsetraut Hadot.
Né en 1922 à Reims, c’est par la spiritualité que Pierre Hadot aborde la pensée philosophique puisqu’il est ordonné prêtre après avoir suivi des études de théologie. Il quitte le sacerdoce en 1950, se consacre alors à des études de lettres et commence sa carrière en tant que bibliothécaire. Il se fait connaître du public, en 1963, par un essai limpide sur le néoplatonisme: Plotin ou la simplicité du regard (Gallimard). Il est nommé Directeur d’Études à l’École pratique des Hautes Études de 1964 à 1985, avant d’être élu, à 60 ans, à la chaire d’histoire au Collège de France (émérite depuis 1991) sur l’initiative de Michel Foucault, dont les derniers ouvrages furent influencés par les travaux du chercheur.
Pierre Hadot avait été vu pour la dernière fois en public le 12 avril lors d’une rencontre organisée par la bibliothèque de l’École normale supérieure, autour d’un ouvrage collectif dédié à son œuvre, et paru le 18 mars aux éditions Rue d’Ulm : Pierre Hadot, l’enseignement des antiques, l’enseignement des modernes. À l’occasion de sa disparition, le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand a salué son «étonnante érudition», «son incessant retour à ces grands penseurs de l’Antiquité dont il savait si bien montrer les ressources pour notre modernité».
via Disparition du philosophe et historien Pierre Hadot- Le Magazine-Litteraire.
See also Michael Chase’s reminiscences at the HUP site:
